En visite à Saint-Nicolas

En visite à Saint-Nicolas
avec Tanja Fux

Saint-Nicolas est plus qu'un simple point de passage ou de départ pour les aventuriers des sommets alpins. C'est un lieu chargé d'histoire, de culture et de traditions, où l'on peut découvrir la richesse et la diversité du patrimoine valaisan. Que ce soit à Saint-Nicolas même, ou à Gasenried ou à Herbriggen, qui font partie du village, on est rapidement imprégné du charme authentique de ces villages de montagne, où le passé et le présent cohabitent harmonieusement. Ces lieux portent les témoignages de l’industrie locale, comme l’usine Scintilla, ainsi que des vestiges de la vie rurale et d’une population fière de son héritage. Suivez-nous lors de cette visite guidée avec Tanja Fux, cheffe du Service de la formation professionnelle, ainsi qu'avec les deux anciens présidents du village, Stefan Truffer et Roger Imboden.

 

L’anecdote : l’hôtel devenu usine puis école

En préparant le programme de cette visite, on avait un accord avec Tanja Fux : parler de tout à Saint-Nicolas sauf de l'usine de Bosch. Ne pensez pas qu'elle soit gênée d’en parler ou que l'usine de production de pièces de précision soit sans intérêt ! Au contraire ! Mais l’entreprise est tellement connue et visible qu'elle occulte parfois un peu le charme historique du village de montagne.

Cependant, à peine sortis du lieu de rendez-vous, en face de l’école régionale, l’histoire de l’usine s’impose à nous. Avant d’accueillir l’école, l’emplacement était réservé au premier bâtiment de Scintilla à Saint-Nicolas. Et voici que Stefan Truffer et Roger Imboden deviennent intarissables sur l’histoire de leur village. C'est là que tout a commencé, après la guerre, quand la société soleuroise cherchait des ouvriers pour fabriquer ses outils électriques. Grâce à la rencontre entre le maire de l'époque, Rudolf Bittel, et les dirigeants de Scintilla, une opportunité s'est offerte aux habitants de Saint-Nicolas, qui vivaient dans la précarité et le manque de perspectives. L'hôtel a été transformé en atelier et les montagnards ont appris un nouveau métier. Ainsi est née une collaboration fructueuse entre l’usine de Bosch et Saint-Nicolas, qui dure encore aujourd’hui.

 

Un édifice à part : la tour du métayer

Bref, fin de l’histoire de l’usine… direction le Meierturm, la tour du métayer, un monument historique qui témoigne du passé agricole et alpin de la région et du Valais. La tour du métayer était le lieu où vivait et travaillait le métayer, un homme chargé de gérer les terres de l'évêque de Sion. Ce système remonte au 8e siècle, quand les grandes propriétés foncières se sont développées avec des règles précises.

Fiers de leur tour, nos deux anciens présidents sont précis dans leur récit : des fouilles archéologiques réalisées dans les années 1980 ont permis de dater sa construction grâce à une poutre de la cave qui date de 1273. Nous sommes donc tout simplement dans le plus vieux bâtiment du Nikolaital et peut-être de toute la région.

A entendre nos deux ex-présidents, la réfection de cette tour a connu de nombreux rebondissements politiques. Dans l’impossibilité de restituer l’entier des anecdotes, nous nous contenterons d’évoquer les principales étapes : en 1971, la tour a été acquise par la commune de Saint-Nicolas puis classée, en 1974, parmi les monuments protégés par l'Etat. Entre 1986 et 1996, elle a été entièrement rénovée avec le soutien de l'Etat, de la commune, de la fondation "Pro Nikolai" et de la société "Scintilla AG". En novembre 1996, les locaux ont été rouverts au public. C’est donc un lieu chargé d’histoire moderne et ancienne.

Aujourd'hui, cette tour à cinq étages est un véritable patchwork de lieux et de fonctions. On y trouve le musée des guides, qui retrace l'histoire de ces aventuriers de la montagne, le musée du patrimoine de la fondation Pro Nikolai, le « Burgerkeller », où l'on peut déguster les produits régionaux dans une ambiance médiévale et conviviale, la « Burgerstube », une salle de réunion, où se tiennent les assemblées et les débats, et d’autres espaces comme celui de la section Monte-Rosa du Club alpin suisse (CAS) qui accueillent les alpinistes et les randonneurs.

 

Des figures emblématiques : les guides de Saint-Nicolas

Tanja Fux, quant à elle, est particulièrement passionnée par l'histoire de l'alpinisme à Saint-Nicolas. Née un peu plus haut dans la vallée, à Täsch, elle raconte avec enthousiasme les exploits des guides de Saint-Nicolas qui ont marqué leur époque par leurs ascensions audacieuses et pionnières. Parmi eux, Alois Pollinger, qui a gravi pour la première fois l'arête du Vieresel de la Dent Blanche, Josef Lochmatter, qui a ouvert la voie sur la face sud du Täschhorn, Josef Knubel, qui a réalisé la première de la face nord de l'Eiger par la voie Lauper, et Peter Knubel, qui a conquis le sommet de l'Elbrouz. Tanja Fux admire ces alpinistes qui ont fait connaître Saint-Nicolas au monde entier et qui ont contribué à l'essor de cette discipline sportive et culturelle.

Saint-Nicolas, c'est donc un petit village qui a tout d'un grand ! Niché au cœur des Alpes valaisannes, il a joué un rôle clé dans l'essor touristique de ses voisins, Grächen et surtout Zermatt. Mais Saint-Nicolas n'a pas à rougir de son charme et de ses atouts. Il propose une offre touristique variée et de qualité, avec notamment le magnifique alpage de Jungen, un havre de paix et de nature à découvrir absolument.

 

Un site incontournable : l’alpage de Jungen

L’alpage de Jungen est un endroit unique, perché au-dessus d'un précipice vertigineux qui domine la vallée. Pour y accéder, il faut emprunter le sentier escarpé du Jungerweg ou la Jungenbahn, une petite cabine qui offre un panorama époustouflant. Tanja adore venir se ressourcer ici avec sa famille, en marchant de préférence. Elle sait que Jungen, comme les autres alpages de la région, a une histoire riche et ancienne, liée à la vie pastorale et à la subsistance des montagnards. Aujourd'hui, l’alpage est aussi un lieu de loisirs et de détente, où la commune a aménagé des infrastructures culturelles et touristiques pour accueillir les visiteurs et les habitants. Les deux anciens présidents sont fiers de ces réalisations, qui valorisent le patrimoine et la beauté de Jungen.

Enfin, sur le chemin du retour, tous les trois se mettent d’accord pour nous résumer Saint-Nicolas en quelques mots : « St. Niklaus ist ein Berg, Industrie und Tourismusdorf », un village de montagne industriel et touristique.

 

Un conseil : Nikolaital plutôt que Mattertal

Si une visite de ce petit bijou de village vous tente et que vous aimez TOUT savoir sur les lieux, demandez à voir nos deux guides. Montez à pied à Jungen et vous croiserez peut-être Tanja Fux. En revanche, un conseil pour ne pas froisser les locaux et par analogie à la problématique du « Lac Léman ou Lac de Genève » : lorsque vous êtes dans le village, évitez de mentionner la vallée de Zermatt (Mattertal), car Saint-Nicolas se situe bel et bien dans la vallée de … Saint-Nicolas (Nikolaital). C'est une fierté pour les habitants, qui ont su préserver leur identité et leur patrimoine.

 

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